samedi 27 août 2011

Twitter expliqué à ...

... À Roxane, par exemple, qui vient d'arriver sur Twitter et se demande comment ça marche. Ou à ma maman, ce matin, qui me posait aussi la question. Pour répondre, fastoche : Internet est plein de sites qui expliquent très clairement le principe de Twitter, par exemple :


On trouve aussi des lexiques Twitter comme celui de Presse-citron ou cet autre très court qui en vaut bien un autre, et même un article qui explique à quoi ça sert, Twitter, en vrai dans la vraie vie.
Mais voilà. Je l'aime bien, Roxane, et ma maman je l'adore, alors ces pages froides et sans émotion ne me satisfont pas vraiment, et puis j'ai envie de leur expliquer Twitter avec mes mots à moi, mes émotions à moi, toute ma subjectivité.
Mon Twitter, donc. 

Pour moi, Twitter, c'est ... des gens : un ensemble disparate (mais pas totalement) de gens que je suis et qui me suivent (ou pas), que j'ai choisis soit parce que je partage quelque chose avec eux (un lien dans la vraie vie ou un intérêt commun, du tricot à l'éducation). Parfois on papote et ça doit être pénible à suivre :
Moi : "Bonjour Twitterworld ! Grasse mat ce matin !"
Machin : @cjouneau "salut moi aussi grasse mat' mais là faut que je fasse à manger. Belle maman à midi"
Moi @machin : "Essaie le saumon magasine au barbecue trop bon"
et caetera et caetera. 
Parfois on partage :
Moi : "Encart de Libé, je tilte sur "la jeune fille n'est pas femme de ménage". Pq cette remarque ? Parce qu'elle est noire??? http://t.co/173Luop"


Machine @cjouneau " elle va pas être secrétaire à la défense non plus, en plus il parait que son père est un intégriste (muslim of course) ;-)"
et sur l'éducation, ça peut être vraiment intéressant. Parfois la conversation se poursuit ailleurs, pour avoir plus de place : sur Skype ou autre outil de clavardage ("chat"), par courriel, ça dépend un peu du nombre de gens et de leurs habitudes en matière de communication numérique. S'organisent parfois sur Twitter de véritables conversations collectives, comme le "#ClavEd". Dans ce cas, il suffit d'ajouter le code # suivi du mot-clef choisi collectivement (comme vous l'avez fait pour #crapweb2). En cliquant sur le mot clef, on accède à l'ensemble de la conversation (enfin dans un monde parfait parce que quand les tweets sont trop nombreux, tintin !). Ces conversations générales sont sympas mais 1- un peu difficiles à suivre (50 tweets à la minutes, c'est la limite maximale de ce que mes yeux peuvent suivre) et 2- pour les gens qui te suivent et ne sont pas intéressés par la conversation, c'est rien pénible.
Sur le même principe, lors des conférences, les auditeurs prennent des notes sur Twitter, notes qui se mélangent avec les réactions des "followers" (les gens qui suivent le mot-clef de la conférence sur Twitter). Ces conversations et ces conférences font parfois, trop peu souvent cependant, l'objet de compte-rendus qui sont la base d'une réflexion peut-être plus aboutie que ce que rendent possible les 140 caractères.

Et puis Twitter c'est aussi la "sérendipité". Parce que tu t'abonnes aux flux de gens qui ont un de leurs centres d'intérêt en commun avec toi, mais qui en ont des tas d'autres aussi que tu découvres, et qui connaissent d'autres personnes que tu rencontres toi aussi. Quand je dis "rencontre", je parle dans un premier temps de lecture numérique, puis de conversations, et puis souvent de rencontres réelles et très riches. Parfois ces rencontres sont organisées, ce sont les "Tweet up", Tweetaperos" ou quel que soit le nom qu'on leur donne. Je m'y suis souvent ennuyée. Parfois tu retrouves l'un ou l'autre de tes contacts dans un événement (@Karinesperanto aux Assises du Crap en octobre à Paris) ou tu décides d'organiser la rencontre, pour le plaisir d'une sortie découverte. Ces rencontres virtuelles et réelles t'offrent des opportunités très concrètes et enrichissantes : un échange entre deux classes, un travail en commun entre deux enseignants ou entre toi, enseignante, et un autre, peintre, architecte, paysagiste, avocat, ou que sais-je. Et parfois, c'est le hasard, une réelle amitié. Comme à la chorale ou dans une troupe de théâtre !

Last but not least : Twitter, c'est un regonfleur de moral. Sur Twitter, la sociabilité est un peu à l'américaine : nous formons une communauté soudée dans le monde virtuel (parfois ça se traduit dans le monde réel : des fleurs qui arrivent près d'un lit d'hôpital, quelqu'un qui vient te chercher là où tu es en panne de voiture, plus rarement on t'amène un café au lit faut pas trop en demander quand même), ça semble un peu artificiel : tout le monde s'extasie sur ton dernier billet de blog pourtant pas si terrible, tout le monde trouve géniale la dernière activité péda que tu partages, et te remonte le moral quand tu sors de cours complètement démoralisée. Et pourtant ça ne s'arrête pas là : après les compliments qui font vraiment carrément beaucoup de bien (je ne vais pas mentir ce serait pas beau !), viennent les remarques constructives qui te permettent d'avancer. Les coups de main, et jamais les coups de pied. La sociabilité américaine sans l'hypocrisie (ou alors avec une hypocrisie qu'on ne voit pas, ce qui revient au même). J'ai très vite quitté les forum qui, jusqu'à il y a quelques années étaient les chouchous du web, parce qu'on se fait tout le temps engueuler :

Moi : "Salut, je cherche des informations sur l'histoire de l'Afrique au Moyen-âge ! Quelqu'un ?"
Historien_en_folie : "Tin yenamar des glandu qui regarde pa ds les ancien topic ! On é pa à la FNAC ici !"

(Tu auras remarqué que l'orthographe de Twitter n'a rien à voir avec celle des forum. Il est très (très) mal vu d'écrire en langage SMS et quand tu fais des fautes d'orthographe, il y a même parfois des robots ( des "bots") pour te corriger).

Sur Twitter, à la question :
Comment récupérer un vieil IBM ThinkPad dt on a perdu le mdp supervisor ? CD dispo. urgent pr un gars de cette île perdue du Kenya. thks 
(oui, on peut tolérer les abréviations quand même mais pas trop)
On me répond :
Equinoxfr_org @cjouneau comme ça dangerousprototypes.com/2011/06/10/ibm… #diy
(et c'est pareil pour la plupart des sujets)

Je te passe les 140 caractères qui te permettent de savoir très très vite si c'est du lard ou du cochon, si le contenu est susceptible de t'intéresser ou pas.
Enfin, Twitter c'est parfois des jeux (la #photodevinette ou des jeux littéraires sympas), des rigolades, des flâneries (j'aime bien le compte @homophonies par exemple, mais il y en a sûrement d'autres).


Pour conclure, je ne crois pas que Twitter soit indispensable. On peut s'informer, avoir des collègues et des amis, faire des rencontres et se distraire autrement. Twitter ne convient sûrement pas à tout le monde : il faut accepter de "rater" des bouts de conversations et des informations qui passent, de ne pas être "connecté" en permanence, et faire son deuil de pouvoir tout lire et tout suivre. C'est comme quand tu es à côté d'un bavard intéressant : au bout d'un moment, il parle il parle et toi, tu zappes, tu n'écoutes plus, ton esprit vagabonde, et puis ton oreille capte un mot qui t'intéresse et ton attention se rebranche. Twitter, c'est un peu pareil pour moi. Mais je connais des gens qui ne supportent pas les bavards, même intéressants...
En somme, il en est de Twitter comme de tous les outils : on aime ou on n'aime pas s'en servir. C'est un peu comme pour écrire : d'aucuns préfèrent les stylos billes, d'autres les plumes. Certains DÉTESTENT les feutres. Pour s'informer, échanger, communiquer, j'aime Twitter, mais je comprends que d'autres détestent, ou préfèrent les blogues, les sites internet, les agréagteurs de flux ou le journal.



Je ne suis pas bien sûre d'avoir répondu à la commande de Roxane ni à celle de ma mère... mais j'espère leur avoir été utile. A elles ou à d'autres !



4 commentaires:

Thaelm a dit…

Si si je suis certain que tu as tout bien expliqué à ta mère.

Sauf pour la question des volumes, car il y a quand même au moins trois types d'utilisation de twitter qui dépendent des fils qu'on a à la patte et aux ailes.

Mais, pour sur, d'ici à ce que ta mère ait 1000 abonnés et 1500 abonnements et qu'elle comprenne la différence entre le petit cuicui et le grand CUICUI
...

Unknown a dit…

Moi j'ajouterai que c'est un outil parmi les autres pour se mettre vite en contact avec des personnes qui ont des préoccupations communes avec toi, ou trouver des informations sur un sujet précis.

Tu n'a pas mentionné l'outil de recherche qui permets par exemple de retrouver tout ce qui concerne #ludovia2011.
Il y a aussi une messagerie perso:pour ma part si je cherche à te joindre je te trouve sur un chat, (facebook) par un sms ou sur twitter....

Il reste qu'il faut s'habituer à la syntaxe un peu rébarbative au début.

mipier a dit…

Et la mère en question dit qu'elle a bien compris, mais se demande comment on peut gérer tant d'infos (il paraît qu'on ne gère pas !).

Caroline Jouneau-Sion a dit…

Nan, on gère pas ! Il faut accepter de ne pas TOUT suivre. Bisous ma maman !